jeudi 14 mars 2013

Camilleri: Mafia Blues



 De Calabre, nous parvient une bouffée nauséabonde sans rapport avec le scandale des ordures mais provenant du même puits ténébreux dont Leonardo Sciascia analysait les miasmes dans "Le jour de la chouette". Andrea Camilleri, qui a bien connu Leonardo Sciascia, se consacre depuis la fin de sa carrière de metteur en scène, à décrire dans ses romans une ville imaginaire de Sicile, Vigata, dont il a d'abord évoqué le passé avant d'en faire la chronique contemporaine avec les aventures du commissaire Montalbano.
 
 
 
 
 Vieux, gourmand et parfois frivole, Montalbano n'en est pas moins un enquêteur dans un pays où la collusion entre le crime organisé et le pouvoir politique est un secret de polichinelle. Si la Ndrangheta cherche à se débarrasser de l'immigration africaine qu'elle a contribué à installer à la pointe de la botte italienne, c'est sans doute qu'il y a davantage à gagner en délocalisant la main d'œuvre européenne de l'Est, plus soluble dans le paysage.
 
 
 
 
 
 
 "Les ailes du Sphinx" raconte entre autres la "collecte" et l'exploitation de ces jeunes filles russes avec la complicité d'une association parrainée par des éminences. Entre autres seulement, parce que Camilleri s'attarde avec bonheur sur l'humanité vieillissante de son personnage, ses problèmes relationnels avec sa compagne et ses confidences culinaires.
 
Les ailes du sphinx - Andrea Camilleri - Pocket - 256 pages – 6,70€ - ***
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – 17 janvier 2010