lundi 17 décembre 2012

Effets de manche

  


Si Hannelore Cayre l'a baptisée "fable judiciaire", c'est sans doute que sa dernière histoire contient une morale, ou qu'elle flirte avec ces animaux merveilleux qui parlent comme des hommes mais ne sont en apparence que des renards et des crapauds. Ou encore que le roman se prêtait mal à cette mise-en-scène un peu forcée dans un haut lieu de la mythologie gaulliste, Colombey-les-deux-églises, pour faire se courtiser le monde de la justice et celui du cinéma.
 


Dans cette cour d'assises de Haute-Marne dont le président est surnommé le boucher va se jouer une véritable pièce de théâtre. L'accusé est un jeune homme charmant, braqueur d'une douzaine de banques à ses moments perdus. 

Son avocat en fin de carrière n'aspire qu'à une retraite loin des palais de justice. Par chance pour cet avocat, un comédien lui aussi périmé mais recyclé par sa femme dans la présidence des festivals d'arrière-province, va profiter de l'Article 275 et devenir "à titre exceptionnel" le conseil du jeune délinquant. L'occasion d'un dernier feu d'artifice théâtral pour la légende du petit écran. Comme au cinéma, la justice est une illusion bavarde et un rituel de faux-semblants.

Une fable bien-sûr, dans laquelle l'auteur donne quelques coups de griffes. Notamment à la braderie communicante, là où rien ne circule mieux dans le vide abyssal des réseaux que la pensée rabotée par le gazouillis luminescent des tweets et le vertige des "lol".
 
Comme au cinéma – Hannelore Cayre – Métailié – 220 pages – 17€ - ***
Lionel Germain - Sud-Ouest-dimanche - 16 décembre 2012
 
 
Lire dans Sud-Ouest